par Arnold Lagémi
L’extrême droite française n’est pas un bloc monolithique. Elle a ses chapelles. Parmi ceux qui voulurent bouter les Allemands hors de France et combattirent les collabos, les motivations n’impliquaient pas forcément une certaine forme de mondialisme ou d’attachement au régime républicain. Il y avait seulement la volonté de chasser l’occupant. Et, il n’y a pas contradiction à retrouver les mêmes, militant pour un nationalisme qui s’opposa à l’indépendance algérienne, en ressuscitant l’OAS, bras armé de la Résistance Française. Pour eux, l’Algérie était un département Français et la France était en danger.
Par ailleurs, les partisans de la Révolution Nationale, partageant l’idéologie pétainiste, se retrouvèrent, en presque quasi-totalité dans le camp de l’Algérie Française, au nom d’une conception de la France qui ne présentait aucune similitude avec les raisons qui suscitèrent l’engagement des premiers Résistants évoqués plus haut… On y retrouvait des connotations racistes, xénophobes et, naturellement antisémites. L’influence d’un courant catholique extrémiste, appelé aujourd’hui intégriste n’est pas à négliger.
Ne nous illusionnons pas dans les rapprochements hâtifs et inconsidérés. Militer dans la Résistance, au nom d’une conception qui rejetait la présence sur le sol français, d’occupants étrangers a été pour beaucoup une réaction quasi instinctive qui n’empêchait pas certains de professer un antisémitisme tenace. Avoir été Résistant n’exclut pas d’être à l’extrême droite ! Ne pas supporter l’invasion de la France par une armée étrangère, en tirer les conséquences, n’immunise pas, pour autant, des affres du racisme ou de la soit disant « nécessité de civiliser les peuples primitifs.
D’où le rôle immense de Jean Moulin dont la première mission fut d’unifier tous ces maquis aux origines souvent disparates où se côtoyaient d’anciens militants socialistes et des rescapés de la cagoule !
D’ailleurs, l’engagement de certains dans le militantisme anti indépendantiste algérien ne contredit pas leur passé de Résistant. Il en précise utilement les contours. Cet engagement indique que leur action anti nazie fut bien plus, la lutte contre l’occupant que la démonstration de leur attachement républicain, qu’ils réfutèrent, par un comportement subversif lors du putsch des généraux. Cette désobéissance aux institutions républicaines attesta d’une conception politique qui s’éloignait de la fidélité au pouvoir démocratiquement consacré et qu’incarnait le Général de Gaulle, Président de cette même République.
La Résistance fut ce creuset où se retrouvèrent des Français qui, chacun pour des motifs qui lui furent propres, s’opposait à l’occupation de leur pays. Cela ne préjugeait pas, pour autant, d’opinions qui, pour certains furent anti républicaines et qui se dévoilèrent lors des réactions à l’insurrection nationaliste algérienne.
NB/ Puisque j’évoque la Résistance Française et que, nous sommes dans un temps où certains osent comparer le terrorisme palestinien aux actions de la Résistance, je précise que JAMAIS LES MISSIONS DE LA RESISTANCE NE FURENT D’ATTEINDRE DES CIBLES CIVILES MAIS TOUJOURS DES OBJECTIFS MILITAIRES.